- CAÏD
- CAÏDCAÏDDe l’arabe q ‘id , celui qui mène un animal en marchant devant lui, qui conduit, dirige une armée, le chef. Q ‘id est un terme général employé pour désigner un chef militaire, quel que soit son grade: signification étendue et peu précise. Plus que d’une fonction, il s’agit d’un titre honorifique que l’on attribue aussi bien au chef d’une tribu qu’à un officier subalterne. Toutefois, à l’époque ottomane, en Afrique du Nord, la fonction du caïd se précise; c’est un chef de canton nommé par le bey, muni de pouvoirs civils et militaires: contrôle du partage des terres et de leur culture, répartition et perception des impôts. Au Maroc, à l’époque du protectorat français, le terme a trois acceptions: représentant du maghzen, représentant d’une collectivité et agent d’exécution d’une juridiction chérifienne.• 1694; caïte 1310; ar. qâid « celui qui conduit »1 ♦ En Afrique du Nord, Fonctionnaire musulman qui cumule les attributions de juge, d'administrateur, de chef de police. Caïd algérien.2 ♦ Fam. Chef de bande. — Personnage considérable dans son milieu. « Un gros caïd de la S. N. C. F. » (Perret). ⇒ huile, manitou, 2. ponte. — Loc. Faire le caïd, son caïd : imposer ses volontés, abuser de son pouvoir. Jouer les caïds.caïdn. m.d1./d (Maghreb) Magistrat assurant des fonctions judiciaires et administratives.d2./d Fam. Chef d'une bande de malfaiteurs.|| Homme énergique, ayant un grand ascendant sur les autres.⇒CAÏD, subst. masc.A.— [En Afrique du Nord] Notable qui cumule des fonctions administratives, judiciaires, financières; chef de tribu(s) (cf. FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, p. 15).B.— P. ext.1. Arg. Chef.a) [Dans une bande de jeunes, dans un mil. spéc.] Se prendre pour un caïd. [Le] petit caïd de l'équipe, un mouflet à casquette torpédo (A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 231). Les caïds du milieu (L'Œuvre, 3 sept. 1941). Les caïds du marché noir (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 58).b) Personnage important de la société. Synon. fam. et pop. ponte, huile. Son premier client fut un gros caïd de la S.N.C.F. à qui elle fit les lignes de la main (J. PERRET, Bâtons dans les roues, 1903, p. 171 ds ROB. Suppl.).2. Pop. ou fam. Homme qui s'impose avec dureté. Faire son caïd. Il [Blaise] marchait d'un pas brutal de vainqueur (...). Un conquistador en vérité, un caïd, un malabar (A. ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, p. 271).— En emploi d'adj. attribut. Avec Tata la danseuse ou Gisou les gambilles, il [Sylvestre] était brutal, caïd, pareil à un jeune loup (P. VIALAR, Clara et les méchants, 1958, p. 185).Rem. Emploi B signalé ds Lar. encyclop., DUB. et ROB. Suppl.Prononc. et Orth. :[kaid]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1210 auquaise « chef militaire, haut fonctionnaire musulman » (HERBERT LE DUC DE DAMMARTIN, Folque de Candie, éd. O. Schultz-Gora ds Gesellschaft für rom. Lit., Bd 21, Dresden, 1909, vers 6884-6885), forme isolée; ca 1310 Caïte (AIMÉ DE MONT CASSIN, Storia dei Normanni di Amato di Monte Cassino volgarizzata in antico francese, éd. V. de Bartholomaeis, Rome, Fonti per la storia d'Italia, 1935, p. 238); 1694 caïd (Traité d'Alger de 1694, publié par M. de Mas Latrie ds les Mél. hist., Paris, 1877, t. 2, p. 697 ds Fr. mod., t. 17, p. 132); 2. p. ext. pop. a) 1903 « personnage important » (J. PERRET, loc. cit.); b) 1935 « mauvais garçon, chef de bande » (A. SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! p. 219). Empr. à l'ar.
'id « chef, commandant », part. actif subst. de
« conduire, gouverner » (LOK., n° 1006); le type a. fr. auquaise, par l'intermédiaire de l'a. esp. alcaide « commandant d'une forteresse » (1076 ds COR.), alcayaz « id. » (ca 1140, ibid.), est de même orig. avec agglutination de l'art. arabe. Fréq. abs. littér. :44.
caïd [kaid] n. m.ÉTYM. 1694; caïte, 1310; arabe qā’ǐd, proprt « celui qui conduit ».➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖1 En Afrique du Nord, Fonctionnaire musulman qui cumule les attributions de juge, d'administrateur, de chef de police, etc. ⇒ aussi 2. Aga.1 (…) M. Warnier (…) a été reçu avec les honneurs qui n'ont jamais été rendus, à Tanger, à aucun Européen; le caïd est venu, à cheval, le recevoir (…)REM. Dans ce sens, on a aussi écrit kaïd (Delacroix, Journal, 29 janv. 1832).2 a (1903). Argot fam. Chef d'une bande de mauvais garçons; personnage considérable dans le milieu. ⇒ Cador, 2.♦ Par ext. Personnage socialement important. || Un gros caïd. ⇒ Huile, manitou, ponte.2 Son premier client fut un gros caïd de la S. N. C. F. à qui elle fit les lignes de la main.Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 171.b Fam. Homme remarquable et qui s'impose avec une certaine brutalité. ⇒ Chef, dur. || Faire le caïd, son caïd : chercher à en imposer. || Jouer au caïd, jouer les caïds.3 Avec son flair de caïd, il aurait senti s'il pouvait pousser ses avantages. Une telle pensée m'eût semblé sacrilège. Je me contentai d'admirer la carnation de l'épicière.P. Guth, le Naïf sous les drapeaux, III, II, p. 102.❖DÉR. (Du sens 1) Caïdat.
Encyclopédie Universelle. 2012.